Depuis mars 2008, il préside l'association sportive de Schillersdorf. A 33 ans, Raymond Philipps est l'un des plus jeunes présidents de club de football du secteur.
Petit-fils de Willy, qui en 1967, avec une poignée de copains, tous mordus de ballon rond, se lançaient dans l'aventure, fils de Bernard, qui comme Willy, fut vice-président du club et joueur, Raymond Philipps est tombé dedans (dans l'histoire de l'AS Schillersdorf) quand il était petit. Car chez les Philipps, football et famille paraissent se confondre, « les dimanches, c'était d'office foot, on allait tous au match, tout le monde trouvait ça normal ».
« J'avais une idole étant jeune, Franco Baresi »
Ainsi commence l'histoire de ce passionné qui n'a connu qu'un seul club dans sa vie, Schillersdorf. Sa passion, on l'a dit, il la tient de sa famille. « Mon grand-père est membre fondateur et a porté le maillot de l'ASS, mon père a joué et fut, comme mon grand-père, vice-président, j'ai à mon tour repris le flambeau », dit-il.
Sans jamais quitter le club, le village si, car l'AS Schillersdorf, qui n'avait pas d'équipes de jeunes, fonctionne en entente avec les voisins de l'AS Ingwiller. A l'âge de six ans donc, le débutant Raymond Philipps parcourt tous les mercredis après-midi les 4 km qui séparent l'impasse de la paix à Schillersdorf du stade Banholz à Ingwiller. « C'est un copain à mon père qui m'offre mon premier maillot, c'était un maillot du Racing qui venait d'être champion de France, je le mettais toujours », raconte le jeune homme aujourd'hui, la voix teintée de nostalgie.
Sous la conduite d'Armand Lemmer, son premier entraîneur, puis de Roland Merckling, Raymond Philipps progresse. Il est motivé. « On avait une bonne équipe avec Cédric Gutfreund, Laurent Bronner, Alex Ruch, David Pichot. On a été cinq fois champions d'Alsace. Ce sont des moments forts qu'on n'oubliera jamais », poursuit celui qui débute sa carrière au poste d'arrière. « J'avais une idole étant jeune, Franco Baresi (ndlr : grand défenseur du Milan AC) c'est peut-être pour cela que je voulais jouer à l'arrière », précise Raymond Philipps.
A l'âge de 17 ans, quand il quitte l'entente jeunes pour l'équipe une de Schillersdorf, il avance d'un cran pour porter le n° 10. Nous sommes en 1993. L'ASS va tomber en D3, le plus bas niveau. « Même en étant jeune, je ne pouvais admettre qu'on joue en D3, j'étais venu pour vivre avec Schillersdorf, mon club, quelque chose dont on sera fier plus tard. »
Et si, sur le bord de la touche, il a l'élégance discrète des gens timides, on sent qu'il sait défendre avec force les idées qu'il croit juste. Celui qui avait des propositions de quelques clubs, ne va écouter que son coeur, celui qui éveille et guide les passions les plus grandes.
En deux ans, entre 1997 et 1999, l'AS Schillersdorf de Raymond Philipps va écrire les plus belles pages de son histoire. 1997 : montée en D2. 1998 : montée en D1. 1999 : 3e en D1 derrière Gumbrechtshoffen et le Val de Moder, le club dispute les barrages d'accession en promotion, gagne la première manche à Entzheim, mais butera sur la seconde contre Neuhof. Suivront dix saisons de D1. « C'est quelque chose de beau pour un petit village comme Schillersdorf » ,se souvient l'ancien capitaine des « Rouges. »
Pour l'AS Schillersdorf, Raymond Philipps n'a fait que courir, mais toujours sans se précipiter. Depuis le mois de mars 2008, il préside le club. « Quand je suis au foot, je suis à 100 %, quand je suis avec mes enfants et mon épouse, en famille, je suis aussi à 100%. »
Dans sa bouche, le mot famille a depuis près de 30 ans un double sens. Il y a la famille classique et la famille du football. Il y a la gestion des hommes, du club. « Si j'ai accepté la présidence, ce n'est pas pour figurer en 3e division. L'objectif, c'est la montée. C'est bien parti. De plus on a un match excitant en coupe de France à jouer demain après-midi contre Ettendorf (16h à Menchhoffen), tout le monde se sent impliqué », termine celui qui s'apprête également à donner demain un coup de main au club de Sports et Loisirs de Schillersdorf à l'occasion du traditionnel marché aux puces. Autour de Raymond Philipps, le ballon et le monde tournent rond.
DNA - Édition du Sam 5 sept. 2009